samedi 6 novembre 2010

Larry Clark, l'expo et l'homme.

Larry Clarke. Une star. Sulfureuse. Terriblement post-moderne. Pensez: des photos vieilles de cinquante ans, des photos où il a filmé ses potes ados, dans le fin fond des Etats-U, faire ce que font tant d'ados à cinquante mètres d'ici, dans la France profonde et dans le trou du cul de l'univers que chacunE revendique êtr e SON bled, sexe, drogue, rock'n'roll, sont actuellement censurées par un comité de moralité publique, au nom de la défense morale des adolescents.
Un comble.
Cachez cette bite, cette shooteuse, cette merde que je ne saurais voir!

Du coup, le message change de perspective. Ces ados défoncés, nus, baisant, dans la plus grande banalité de ces actes qui, non dramatisés par la fiction photo ou cinéma, sont platement banaux, que sont-ils pour les plus de 18 ans? des erreurs de jeunesse? des djeun's qui choquent? qui excitent? qui bousculent? Dans Charlie H, on ironise sur le fait que l'expo est ouverte aux pédophiles de 70 et plus. Arh, arh, arh! Bonne remarque, il y a de quoi prendre son pied en matant la vidéo où, c'est frais, un couple hétéro s'approche et finit par baiser, sans les chichis voyeuristes du porno.

N'y a-t-il donc rien ici que les moins de 18 ans puissent voir, comprendre, apprécier, critiquer, identifier à soi, se distancier de? Me saute à la gueule le hiatus déjà constaté alentour entre la soi-disant "protection" des mineurEs de moins de 18 ans et la responsabilité légale abaissée à 13 pour ce qui relève de la "délinquance" à deux balles. Je crois que je vais offrir le catalogue de l'expo à la première personne mineure que je trouve sur mon chemin,rien que pour qu'elle fasse tourner la carotte. (vous ne connaissez pas encore la blague de la carotte, tout godemiché (forgive my French) mis à part? Je la raconterai un jour de vide existentiel)

L'expo était chouette, un peu sur-accrochée (-mais c'est une rétrospective! - mais ça empêche de voir les photos de loin!) et il y avait un (jeune!) partisan de l'ordre moral pour nous prendre à partie, mes deux copAinEs et moi, et nous demander s'il y avait encore à notre époque, des choses qui choquent. Comme si c'était fini - mais il est devenu cramoisi à l'idée qu'on montre notre poitrine à tout le monde. Comme si à notre époque toute déviation à la pensée unique constituait une telle offense à la pensée qu'il fallait mettre des cagoule porales et protectices sur la tête d'un public-autruche que des "milieux autorisés" (mais par qui, hein?) pourraient guider au nom d'une raison technologiquement supérieure. Il se faisait l'avocat du diable raciste et fasciste, recueillait notre parole poliment et attentivement, à peine polémiquement, comme pour le principe, comme si il s'emmerdait aussi royalement que le bleu de son caban et qu'il ne tenait pas tant à ses arguments qu'à la captation de notre attention encore une, allez deux minutes encore.

Une question qui est revenue dans de nombreuses conversations chez mes proches, était: mais est-il gay ce Larry Clarke? C'est vrai: il ne semble intéressé que par les hommes, leur corps, leur sensualité, il n'y en a que pour eux, dans des poses qui sont celles de l'imagerie pédée de notre époque, avec des aines, des aisselles, des commissures et des ceintures d'Apollon en voilà-en veux-tu... Il est pédé, ce n'est pas possible...

Eh bien, pas possible de trouver des infos sur le net à ce sujet, et je ne suis pas encore allée hanter des bibliothèques spécialisées sur le sujet de l'art contemporain (Beaubourg, attends-moi). On ne parle que de ses oeuvres, pas du mec. Et l'oeuvre est un puits à projection. En cela, elle est d'une puissance telle qu'on peut la contempler des jours, des mois, des années entières sans l'épuiser pour un sou.

Si vous avez des infos, envoyez-moi un commentaire!...

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