mercredi 3 novembre 2010

Marie-Luz et la bière pasteurisée


Les 1er et 2 novembre derniers s'est tenu le 22ème festival de cinéma lesbien, "Quand les lesbiennes se font du cinéma".
C'était à l'espace Reuilly, vers la rue Montgallet, bien connue des geeeks, hackers et autres nerds. Un quartier riant dès la tombée de la nuit : pas un chat dans les rues blêmes, au point que les quatre agents d'une société de sécurité privée qui passaient en voiture vers 22h30 ce mardi-là n'en croyaient pas leurs yeux de voir une cinquantaine de femmes au coin du pâté de maison. Ils ont fait marche arrière, nous ont maté comme des mulets dans leur aquarium, et il leur a fallu trois bonnes minutes pour être sûrs qu'il ne s'agissait pas d'une émeute urbaine.

C'était un festival minimaliste : pas de concert, ni d'exposition, de remise de prix, et encore moins d'animations informelles. Juste le stand de la librairie Violette and co et celui des tee-shirts de Sarah Calas. Et des postes vidéos, avec des films accessibles en libre-service. Dans le genre minimaliste, ça, c'était une bonne idée.

J'ai un esprit positif, je retiens plutôt les bonnes surprises que les mauvaises. Le docu sur les jumelles Topps, deux chanteuses néo-zélandaises, jumelles, lesbiennes, humoristes et activistes, irrésistibles! Il faut que j'en parle à ma Sydney Connection. La séance sur et avec des docus de Carole Roussopoulos était aussi importante, en tant que défense de la vidéo comme genre filmique investi et à investir par le féminisme, par opposition au cinéma. Faut-il le rappeler, le premier long-métrage jamais fait au cinéma avait pour auteur, auteure, autrice (rayer la mention inutile) Alice Guy, avant que tombe la chappe d'une hégémonie masculine encore actuelle. Quant à la vidéo, beaucoup moins codifiée, jugulée par des intérêts commerciaux, elle est beaucoup moins sexée. C'est ainsi qu'on a fait connaissance avec le personnage de Marie-Luz, militante féministe dans des manifestations àde lutte politique à Hendaye en 1974. Mesdames et Mesdames, à vos caméras!

Quelques trucs qui m'ont fait de hurler à soupirer d'impuissance :
Ces faux ongles super-longs dans une scène de drague entre femmes au cours du générique des séances. Le détail qui tue.
Le fait que la discussion sur Michèle Causse, passionnante au demeurant, a été organisée, faute de mieux, dans un coin du rez-de-chaussée, ce qui rendait son audition difficile étant donné le brouhaha dans le foyer-bar du niveau -1, bien qu'on demande toutes les 5 minutes aux femmes dans ledit foyer de se taire, à grands renforts de chhhhuttttt qui pétaient un peu les ambiances du rez-de-chaussée comme du sous-sol. Une gageure dont les intervenantes se sont bien sorties, en poussant un peu la voix.
La nullité du long-métrage de clôture, Elena Undone, qui a finalement été une source de joie, la salle réagissant avec humour et entrain aux apquets de mélasse et de mièvrerie d'un scénario qui aurait pu être celui d'un court. On y a vu l'épouse d'un pasteur-buveur-de-bière tomber follement amoureuse d'une écrivaine lesbienne mais ne pas quitter son odieux larbin-de-dieu pour elle afin de ne pas heurter son fifils pourtant adulte (ou alors il fait plus que son âge?!) qui lui demande "comment veux-tu que papa comprenne que sa femme couche avec l'ennemi?" Je vous le demande... Contrairement à la Marie-Luz (Marielmière pour les non-hispanophones) de la manif d'Hendaye, cette pauvre Etazunienne qui s'est laissé pasteuriser représente un archétype affligeant qu'on pourrait appeler de Marie-Loose (Marie-qui-perd pour les non-anglophones), encore beaucoup trop fréquent de nos jours, et contre lequel luttent toutes les Marie-Luz de la terre.

Photo extraite du site : http://www.profencampagne.com/

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